Transmission par les systèmes ou par les échanges d’expérience ?
Tout le monde s’accorde sur l’intérêt d’assurer la transmission des savoirs. Un échange l’autre soir nous a éclairés sur la transmission d’expérience.
Chantale, pas du tout inquiète à ce propos : ergothérapeute, elle parle de son savoir faire pointu que ses collègues veulent garder après son départ. Elle parle de la façon dont ils s’y ont sont pris : mise à disposition de sa documentation, lui demander de rédiger des notes de travail où elle consigne ses méthodes et ses résultats. Echange autour de ses notes. C’est un cas où les acteurs se saisissent de la question de transmission. Chantale dit que ça marche bien.
Sophie est une directrice d’établissements d’enseignement. Elle passe d’établissement en établissement. Elle a ses savoirs, ses méthodes et, dit-elle, ses convictions surtout. Chaque établissement a ses particularités et le contexte est chaque fois très spécifique. Pour être efficace elle adapte son style à chaque situation, ce qui lui permet d’apporter son expérience et de la faire circuler d’un établissement à un autre. Dans ce cas la transmission fait partie du métier. Sophie n’est pas inquiète non plus.
Dans ces deux cas il y a quelque chose de permanent. Il n’y a pas de changement radical ni de la finalité de l’activité, ni des modes d’action, ni de l’efficacité attendue, même si les contraintes sont différentes.Il y a aussi le souci partagé des deux de contribuer à cette performance et à l’entretenir (performance dans le sens de l’efficacité par la forme de l’action, la façon de s’y prendre, plus que par les connaissances).
Cette maintenance est intimement liée à la recherche d’amélioration, continument. Elle est faite d’enrichissements d’expériences, au fil de l’eau, soit dans l’activité elle-même, soit à l’occasion du départ de l’un des contributeurs.
Il y a enfin l’énonciation implicite que la performance de l’activité est certainement le résultat d’un savoir constitué et de méthodes éprouvées, mais aussi et surtout des expériences des professionnels qui par leurs échanges, leurs débats, leurs confrontations s’enrichissent, enrichissent leurs questionnements, leurs découvertes, leurs solutions face aux nouvelles questions, leur inventivité en somme.
Il nous semble comme pour ces deux personnes que la question de la transmission repose sur deux logiques: la transmission par les systèmes (acquisition de savoirs par les formations, apprentissage des process et des règles de l’art) et la transmission par l’échange d’expérience entre les acteurs professionnels, par contact, échanges, par ajustement mutuels.
Ce deuxième levier, souvent laissé à son mouvement naturel, voire parfois gêné par la rapidité, ou empêché par la brutalité des transformations, devrait être plus soigneusement investi dans nos organisations. Le Mentoring Managérial en est l’une des formes les plus efficaces.